Hommage à Johnny Peret - Part 2
C'est aussi l'époque où il fait la connaissance de l'impresario Albert Licart qui lui obtient une tournée et un engagement à l'Hippodrome de Francfort où il se produit en compagnie du saxo-ténor Jack Sels, du trompettiste hollandais Ack van Rooyen, du saxo-baryton américain Jay Cameron et du bassiste Benoit Quersin.
Concert au Théâtre Patria, rue du Marais à Bruxelles, le 20 décembre 1957 – De gauche à droite: WillyAlbimoor (p), Roger Asselberghs (bar), Herman Sandy (ldr,tp), Paul Dubois (b) et Johnny Peret (dms).
Même concert au Théâtre Patria, rue du Marais à Bruxelles, le 20 décembre 1957 – De gauche à droite: René Urtreger (p), Barney Wilen (ten), Miles Davis (ldr,to), Pierre Michelot (b) et Kenny Clarke dms).
Le 20 décembre 1957 est à marquer d'une pierre blanche: Johnny Peret fait partie du Sextet d'Herman Sandy (trompette) aux côtés de Constant Letellier (ténor), Roger Asselberghs (baryton), Willy Albimoor (piano) et Paul Dubois (basse). Ledit sextet, avec la présence de la chanteuse Yetty Lee, assure la première partie du concert de Miles Davis au Théâtre Patria, rue du Marais à Bruxelles. Un concert organisé par le Hot Club de Belgique quinze jours après l'enregistrement de la musique du film de Louis Malle "Ascenseur pour l'échafaud". Miles est présent sur scène avec ses partenaires Barney Wilen (ténor), René Urtreger (piano), Pierre Michelot (basse) et bien sûr Kenny Clarke qui joue avec la batterie de Johnny.
1958 est une année faste! Le plus beau souvenir de jazzman de Johnny Peret, c'est assurément sa tournée de six semaines au Congo belge patronnée par les "Jeunesses Musicales": il fait partie des "Five Cats" du pianiste Léo Souris, formation qui comprend également Herman Sandy à la trompette, Jacques Pelzer au saxo-alto et à la flûte, Roger Asselberghs à la clarinette et au saxo-bayton, et Benoit Quersin à la contrebasse. Lors du concert du 23 janvier à Léopoldville notamment, le succès est au rendez-vous, le public africain est conquis!…
Programme du concert
Toujours en 1958, au mois d'avril, Johnny Peret a l'occasion d'enregistrer deux titres (A MOUSE IN THE CROWD et TO THE EXIT) avec le Quintet d'Herman Sandy pour l'album 25cm Decca "Jazz In LittleBelgium". Cette année-là, durant l'Exposition Universelle de Bruxelles, Johnny retrouve le "Florida" et rejoint par ailleurs le trompettiste-vibraphoniste Johnny Renard dont l'orchestre est engagé pour une période de trois mois au restaurant "Carlton" de l'avenue Louise à Bruxelles; un endroit que fréquente assidûment le poète, avocat et surtout historien du jazz Robert Goffin. Font également partie du band le pianiste Willy Albimoor, le bassiste Jean Hundstadt ainsi que le percussionniste cubain Miguel "El Abuello" Portello avec qui Johnny sympathisera.
En 1959, Johnny Peret se produit par deux fois au premier festival de jazz de Comblain-la-Tour: avec le big band de Léo Souris et avec le quartet de Sadi, aux côtés notamment du pianiste suisse George Gruntz. Cette année-là, il tourne pour Volkswagen avec Jack Say (vous vous souvenez sans doute… "Avec Volkswagen pas d' problème, le rond système!…") et avec Herman Sandy (tp), Jack Say (cl), Roland Thyssen (p), Emile Letellier (g) et Paul Dubois (b), il réalise le soundtrack du film "Eve et lui" (dixit la Belgian Jazz Discography – Johnny, pour sa part, n'en a aucun souvenir).
Au début de 1960, toujours à la "Rose Noire", Johnny accompagne Henri Carels (tp), Nicolas Kletchkovsky (g), le bassiste français José Larose (fils de Georges Larose) et un clarinettiste dont le nom échappe à sa mémoire. Dans le courant de cette même année, il joue encore et toujours à la "Rose Noire" mais cette fois avec Benoit Quersin et un beau soir, ils apprennent que le saxo-alto Phil Woods, le saxo-ténor Jerome Richardson et la pianiste Patti Bown, de l'orchestre de Quincy Jones, en congé de la tournée "Free And Easy", ont débarqué au "Blue Note" de la galerie des Princes à deux pas. Sans hésitation, ils les y rejoignent pour une jam mémorable!
En juin 1960, Johnny fait partie comme percussionniste des Merecumbes, un orchestre de musique typique que dirige le pianiste Edgar Quertainmont. La formation se produit aux "Enfants Terribles" de l'avenue de la Toison d'Or à Bruxelles.
Juin 1960 – De gauche à droite: Roman Romer (voc), Edgar Quertainmont (ldr,p),
Henri Stas (fl), Danielo (Espagnol) (voc,mar), Johnny Peret (perc), ? Recour (b)
C'est aussi l'époque où Johnny est engagé par le clarinettiste Jack Say (petit-fils du célèbre violoniste et compositeur de musique classique Eugène Ysaye, 1858-1931) aux côtés du saxo-ténor René Gueuens, du trompettiste Nic Fissette et du pianiste Roland Thyssen. Avec ces deux derniers, il accompagne par ailleurs la fameuse chanteuse américaine Donna Hightower, notamment pour une émission de télévision.
Ce doit être vers cette époque que Johnny reçoit un coup de fil de Pol Lenders du "Pol's Jazz Club" de la rue Marché au Charbon: le vibraphoniste américain Walt Dickerson est là mais son batteur brille par son absence. Sollicité pour assurer le remplacement, Johnny arrive dare-dare mais au moment d'entamer le premier set, Edgar Bateman, le drummer attitré du quartet, se pointe au club. Ouf! Car après avoir entendu ce dernier, ses chaussures avaient rétréci d'une pointure! Après ça, Bateman et Peret ont eu l'occasion de sympathiser et ses sont revus.
En ce début des années soixante, Johnny Peret accompagne le chanteur de variétés Roger Marco en Suède et plus précisément à Göteborg pour un engagement d'un mois à "La Rotonde". Au programme, du jazz également – font aussi partie du voyage le bon saxo-ténor Raymond Therace et le pianiste Marcel Desprets. En 1962, Johnny Peret tourne en Hollande avec le saxophoniste Christian Van Spauwen, le pianiste Tony Bauwens et le bassiste d'origine indonésienne Maurice Steenkamp pour accompagner la chanteuse Didian. Vers 1965, il participe à une courte tournée de trois semaines en Wallonie avec Jacques Brel sans pour autant l'accompagner, il fait partie d'un quartet comprenant e.a. Joël Vandroogenbroek (p) et René Goldstein (b) qui passe en première partie des galas du chanteur. Sont de la partie, le saxo-ténor Willy Vandewalle, le pianiste Joël Vandroogenbroek et le contrebassiste René Goldstein.
Tournée Volkswagen, 1959-1960? – De gauche à droite: Jack Say (ldr,alt), Johnny Peret (dms),
Ruffin Verhasselt (b), Roland Thyssen (p), René Genens (ten) et Albert Caels (tp).
Chez Paul au "Gaity", rue du Fossé-aux-Loups,à Bruxelles, année? – De g. à dr.: Bob Gay (ldr,p), Tony Griss (b), Johnny Peret (dms), Teddy Burns (ten), Christian Van Spauwen (alt), Louis Vereeck (tp), Nicolas Fissette (tp) et André Marcos (bar).
En 1970, Johnny Peret (vibraphone, bongos, percussions) participe à l'enregistrement de l'album "The Love Planet" du saxophoniste Babs Robert. Sont également présents en studio John Van Rymenant (bar, Johnny Brouwers (p), Paul Dubois et Michel Gobbe (b) ainsi que notre regretté Président Robert Pernet (dms). C'est vers cette époque que, d'abord avec Babs Robert et ensuite seul, Johnny a commencé à fréquenter les réunions hebdomadaires du vendredi soir au Sweet And Hot et c'est ainsi que nous avons fait sa connaissance. Bien évidemment il n'était pas toujours libre, ses activités professionnelles le retenant parfois ailleurs.
Deux ans plus tard, Johnny (vib,bells,bgos) est de retour dans un studio d'enregistrement pour la réalisation de l'album "Stop, Look, Listen" du pianiste américain Phil Raphael. Pour la circonstance, il retrouve ses compères Paul Dubois (b) et Robert Pernet (dms). La formation est complétée par la chanteuse Rose Thompson qui s'inspire de l'art vocal de Kay Davis.
"Square-Pub", 1er juin 1973 – Johnny Peret (dms),
Paul Dubois (b) et Fernand Witters (p) accompagnent
Bill Coleman (flgh)
Photo Alain Bosseray
Johnny Peret travaille régulièrement, les gigs (engagements d'un soir) alternent avec les répétitions, les bals, les animations musicales, les fêtes et les concerts. Le 1er juin 1973, il accompagne le grand trompettiste américain Bill Coleman au Square Pub de la place Eugène Keym à Watermael-Boitsfort. Le quartet est complété par Fernand Witters au piano et Paul Dubois à la basse. Autre exemple, les 25 et 26 juin 1976, à la tête de son Jazz Combo, Johnny Peret se produit au "Pol's Jazz Club" de la rue de Stassart à Bruxelles. Johnny Peret forme un quintet-sextet et se forge un répertoire qui va s'étoffer. D'abord avec Jules Vandijck (tp,flgh), Jack Kenny (alt,bar,cl) ou François Arcari (ten,cl), Fernand Witters (p), Ferry Devos (b) et Jacques Tricot (dms) qui seront remplacés ensuite dans le désordre par André Knapen (tb,b-cl), Constant Letellier (ten,cl), Roger Asselberghs (bar,cl), Jean Fanis (p), Tony Bauwens ou encore Gus Decock (p), Paul Dubois (b), Joop Ayal (ten), Raymond Bonnet (reeds), Vincent Mardens (ten,sop), Bert Joris (tp,flgh), etc.
Durant les années quatre-vingt, retour en Allemagne où il accompagne brièvement l'excellent pianiste de jazz et de latin-jazz Tex Döring.
Au cours de toutes ces années, Johnny Peret a eu l'occasion d'accompagner de nombreuses vedettes comme Georges Guétary au Passage 44. Il a tourné en Suisse notamment avec l'orchestre du clarinettiste Émile Sullon. Avec celui-ci il a accompagné à l'Ancienne Belgique des artistes aussi différents que Georges Ulmer, les Peter Sisters, Luis Mariano ou Roger Whittaker. Avec le grand orchestre de Léo Souris, il a par ailleurs accompagné Paul Anka au Cirque Royal. Johnny a également joué avec l'organiste Lou Bennett et Philippe Catherine (g) au "Pol's Jazz Club", rue du Marché au Charbon, et notre Toots Thielemans national au "Blue Note", galerie des Princes, pour ne citer qu'eux…
Comme on a pu le voir, pour une certaine génération de musiciens, le jazz n'a pas toujours suffi à faire bouillir la marmite, ce qui ne signifie nullement que les bals, les fêtes juives, les participations aux spectacles de cirque, les animations tziganes ou la participation aux engagements de musique de variété ou de musiques typiques représentent un pis-aller. Toutes les formes de musique sont bien sûr respectables et on peut prendre beaucoup de plaisir à en jouer. Simplement quand on a l'âme d'un jazzman, la préférence va tout naturellement vers ce qui inspire le plus.
Pour ce qui est de Johnny Peret, batteur, son style évoque immanquablement le jeu des grands modèles que sont Art Blakey, Max Roach ou Kenny Clarke mais nous savons qu'il apprécie également une multitude d'autres drummers tels Joe Morello pour sa souplesse, son jeu si subtil, sa sonorité et sa créativité, ou Mel Lewis pour la finesse et la légèreté de son accompagnement et sa capacité à tout ponctuer, sans oublier bien entendu celui qu'il considère comme le plus grand de tous: Buddy Rich. Au vibraphone, ses modèles sont bien sûr Lionel Hampton ou plutôt Milt Jackson, Walt Dickerson ou encore Victor Feldman mais aussi et surtout Terry Gibbs. Pour ce qui est de l'accordéon, il fut sans doute d'abord influencé par notre Gus Viseur national mais il revendique assurément davantage les influences conjuguées d'Art Van Damme et de Mat Mathews et peut-être dans une moindre mesure celle de Tommy Gumina…
Ce petit aperçu sur la carrière de notre ami Johnny Peret jette également un petit coup de projecteur sur ce que fut la vie musicale nocturne en Belgique et à Bruxelles en particulier entre les années quarante et nonante.
CLAUDE BOSSERAY (août 2008)
N.B. Un grand merci à notre cher ami Johnny pour toutes les informations et les illustrations qu'il a bien voulu nous donner pour la réalisation de cet article !
Au "Trafalgar Square", place des Martyrs, Bruxelles, début des années 80 – De gauche à droite : Constant Letellier (ten), Gus Decock (p), Ferry Devos (b), Johnny Peret (ldr,vib) et Jacques Tricot (dms).
par CLAUDE BOSSERAY
HERMAN SANDY QUINTET
Herman Sandy (tp); Constant Letellier (ten); Roger Asselberghs (bar); Willy Albimoor (p); Paul Dubois (b); Georges "Johnny" Peret (dms).
Brussels, April 1958.
a mouse in the crowd Decca 123259
to the exit - , JilB
Note: Decca 123259 is a 10" LP titled "Jazz In Little Belgium". Other titles by Willy Albimoor, Jack Sels, René Goldstein and Jacques Pelzer. JilB stands for Jazz in little Belgium, an unnumbered 2-CD-set of various artists.
Herman Sandy (tp); Jack Say (alt,cl); Roland Thyssen (p); Emile Lettelier (g); Paul Dubois (b); Johnny Peret (dms).
Brussels?, 1959.
No details Soundtrack "Eve et lui"
BABS ROBERT & THE LOVE PLANET
Babs Robert (alt,ten,el-ten,Bin,recorder,siren,bells,tambo,maracas,rattle,claves); John Van Rymenant (bar,flgh,perc); Johnny Peret (vib,bgos,perc); Johnny Brouwers (p,perc); Robert Pernet (dms,likembe,home-made-xyl,perc); Paul Dubois, Michel Gobbe (b,perc).
Ghent, January 11, 1970.
extra-pol-action (ice cream '70) Alpha 7003
marrow bone -
yesterday -
architexture -
b.r.4.ten years after, after all -
Same as above.
Ghent, January 18, 1970.
p.a.c.m. Alpha 7003
pro forma 1 -
his master's noise: -
1st mov. Eastern noise
2nd mov. Western noise
Note: Alpha 7003 is a 12" LP.
PHIL RAPHAEL
Phil Raphael (Raffaëllo) (p,cowbell,Nye-Arabian-fl); Johnny Peret (vib,bells,bgos); Paul Dubois (b); Robert Pernet (dms); Rose Thompson (voc).
Brussels, June 3, 1972.
archangelo Selection 1012
hommage à kabylie -
dead sea scrolls -
night crawler -
Note: Selection 1012 is a 12" LP titled "Stop, Look, Listen"
Ouvrage consulté: Belgian Jazz Discography de Robert Pernet.
Toutes additions et corrections seront les bienvenues
CLAUDE BOSSERAY (janvier 2009)
